«L’enquête de prévalence réalisée à l’échelle nationale en 2024 a révélé un taux de 4,2 %. Des chiffres qui semblent modestes, mais qui témoignent pourtant d’une augmentation de la prévalence du diabète, comme cela s’observe à l’échelle mondiale»
Sénégal : «S’agissant de l’épidémiologie du diabète, il faut souligner que, partout dans le monde, la maladie progresse. Elle augmente à un rythme tel que certains parlent aujourd’hui d’une épidémie galopante. Au Sénégal, nous avions réalisé une première enquête de prévalence en 2015. Elle avait révélé un taux de 3,4 % chez les personnes âgées de 18 ans et plus. La même enquête, reprise à l’échelle nationale en 2024, montre cette fois-ci une prévalence de 4,2 %. Même si ces chiffres semblent modestes, ils indiquent clairement une croissance, une progression de la maladie, conforme à la tendance mondiale. Cette situation nous préoccupe et montre que nous devons redoubler d’efforts pour lutter contre cette maladie.
Au-delà de ces chiffres, les enquêtes hospitalières, notamment celles du Centre national de lutte contre le diabète (Centre Marc Sankalé), confirment cette hausse. Lors de son ouverture, on y recensait environ 200 nouveaux cas de diabète par an. Depuis les années 2000, ce chiffre dépasse les 2 000 nouveaux cas chaque année, et ce malgré l’absence de dépistage systématique. Nous sommes en train d’ouvrir d’autres centres afin de décentraliser la prise en charge.
La prise en charge est difficile et coûteuse pour les personnes diabétiques. Le diabète est classé parmi les maladies à soins coûteux et les maladies de longue durée. L’Association sénégalaise de soutien aux diabétiques mène un plaidoyer pour que le diabète soit enfin reconnu comme maladie sociale.
Il faut toutefois reconnaître que le gouvernement du Sénégal a fourni d’importants efforts pour améliorer la prise en charge, ce que l’on constate en comparant la situation du Sénégal à celle de la sous-région. Par exemple, l’insuline est subventionnée au Sénégal, alors que dans d’autres pays de la sous-région, elle peut coûter jusqu’à dix fois plus cher. Mais des efforts supplémentaires sont nécessaires, car les patients diabétiques restent confrontés à de nombreuses complications invalidantes : pied diabétique, atteintes oculaires certaines ayant entraîné des déscolarisations, ou encore atteintes rénales. Le gouvernement a rendu la dialyse gratuite, mais malgré l’augmentation du nombre d’unités, cela reste insuffisant. De nombreux malades n’y ont toujours pas accès en raison de la saturation des centres. Tout cela souligne la nécessité d’intensifier nos actions de prévention et de sensibilisation.»
Afrique : «Il est important de souligner que la situation est particulièrement alarmante en Afrique. C’est sur notre continent que l’augmentation de la prévalence sera la plus forte d’ici 2050. Et c’est paradoxal, car nos pays sont majoritairement à revenu faible ou intermédiaire.
Selon les projections, 25 millions d’Africains étaient atteints de diabète en 2025. Ce chiffre pourrait atteindre 60 millions en 2050, soit une augmentation de 134 %. Cela signifie que le diabète progresse trois à quatre fois plus vite en Afrique que dans le reste du monde. La situation est d’autant plus préoccupante que l’Afrique détient le record du nombre de personnes qui ignorent leur statut. On estime que pour un diabète diagnostiqué, deux autres ne sont pas connus. Cette méconnaissance conduit à des diagnostics tardifs, souvent au stade des complications.
Enfin, l’Afrique enregistre également le taux le plus élevé de décès prématurés liés au diabète. En 2021, 77 % des décès liés au diabète concernaient des personnes de moins de 60 ans. Ces chiffres ne sont pas que des statistiques : ils montrent l’ampleur du travail à mener en matière de sensibilisation, de dépistage précoce et d’accès aux soins pour prévenir les complications et éviter les décès prématurés.»
Dans le monde : « Il faut rappeler que le terme “épidémie” était autrefois réservé aux maladies infectieuses. Aujourd’hui, pour la première fois, il est utilisé pour qualifier une maladie chronique non contagieuse. On parle d’une épidémie galopante du diabète, car, selon la Fédération internationale du diabète, la maladie augmente partout dans le monde et n’épargnera aucun pays. Le nombre de diabétiques a quadruplé depuis 1980, pour atteindre plus de 500 millions de personnes. Ce chiffre pourrait dépasser les 850 millions d’ici 2050.»
SERIGNE SALIOU YADE













+221 77 142 18 18
info@madamesante.sn
Rue 25 Dakar